Je vous parlais la semaine dernière des nombreux sens que peut revêtir le mot «conscience». J’aimerais maintenant approfondir la question du phénomène de la conscience à proprement parler, et préciser son lien avec l’âme.
Pour bien comprendre le phénomène de la conscience, il faut d’abord en connaître la source. Il importe à ce titre de rappeler qu’aucun élément matériel n’est pourvu de conscience. Aucune combinaison d’éléments matériels, aucune énergie matérielle ni aucun organe physique ne peut non plus faire naître une quelconque forme de conscience. Il en découle que si la conscience n’est pas un produit de la matière, elle ne peut qu’être un produit de l’esprit.
La Bhagavad-gita décrit le corps comme un amalgame de vingt-quatre éléments matériels énergisés, ou «animés» par une force de nature spirituelle qu’on appelle l’âme, soit un autre nom de l’esprit, du principe vital en l’absence duquel la matière reste inerte.
L’âme se définit comme un atome spirituel, un atome d’antimatière plus petit encore que les atomes matériels. La Svetashvatara Upanishad en donne la taille comme étant d’un dix-millième de la pointe d’un cheveu. Ce que confirme la Mundaka Upanishad en ajoutant que l’âme est sise dans le cœur, où elle est portée par cinq sortes d’air, et d’où elle dispense son énergie à tout le corps.
Les 5 sortes d’air
- l’air vital qui passe par les narines lors de la respiration (prana)
- l’air qui passe par la gorge et dont l’obstruction cause la suffocation (udana)
- l’air qui agit dans l’estomac lors de la digestion et de l’éructation (samana)
- l’air qui passe par le rectum lors de l’évacuation (apana)
- l’air qui circule globalement dans tout le corps (vyana)
Pour plus de précision, la Chandogya Upanishad explique que le cœur physique est le siège de la circulation sanguine, et que le subtil chakra du cœur – le siège de l’âme – est le point de départ de cent un canaux praniques appelés nadis qui rayonnent vers toutes les parties du corps.
Au cœur de la vie
La science médicale reconnaît elle-même que l’énergie nécessaire au fonctionnement de l’organisme tout entier provient du cœur. Or, d’où le cœur tire-t-il cette énergie? De ce principe vital qu’on appelle l’âme, et qui, de toute évidence, se trouve donc aussi dans le cœur. Certains scientifiques en nient l’existence du fait que sa taille infime échappe à leur pouvoir d’observation, mais il n’en reste pas moins que l’énergie vitale doit avoir une source, et qu’elle ne provient d’aucune source matérielle.
Comment donc l’âme dispense-t-elle son énergie à tout le corps, à l’instar du principe actif d’un médicament dont l’effet se répand dans le corps tout entier? Par l’entremise de la conscience. C’est d’ailleurs la conscience, ce phénomène qui ne peut avoir aucune source matérielle, qui indique la présence d’une âme, d’une source d’énergie spirituelle dans le corps. Car, privé de conscience, le corps meurt, et aucun procédé matériel ne peut le ranimer.
Et comment la conscience se propage-t-elle dans le corps? À travers les globules rouges du sang qui transportent l’oxygène des poumons et qui tirent leur énergie de l’âme. À preuve, le sang cesse de remplir ses fonctions vitales dès que l’âme quitte le corps. La science médicale reconnaît également l’importance des globules rouges dans l’oxygénation des cellules du corps, mais elle n’est pas en mesure d’établir d’où le cœur tire l’énergie nécessaire à la circulation sanguine.
D’aucuns avancent que le cœur tire son énergie du cerveau, mais sans non plus pouvoir identifier la source de l’énergie qui permet au cerveau de fonctionner. Et comme toute énergie doit obligatoirement avoir une source…
Une autoroute de l’information organique
La conscience est donc la manifestation directe de l’âme dans le corps. Et elle rayonne jusque dans ses moindres recoins à travers le réseau sanguin. Ainsi pouvons-nous ressentir chacun des plaisirs et chacune des douleurs que nous procure le corps, que ce soit globalement ou en un point précis.
Si la circulation sanguine se trouve bloquée dans une quelconque partie du corps, nous perdons automatiquement la conscience locale de cette partie du corps, comme cela se produit lorsqu’un de nos membres devient engourdi. Et là où le sang ne circule jamais, comme dans nos cheveux ou nos ongles, il n’y a aucune trace de conscience.
Autre caractéristique importante de notre conscience: sa portée est restreinte à notre corps. Les plaisirs et les douleurs d’autrui nous sont physiquement impossibles à ressentir. Conséquemment, chaque corps vivant est l’enveloppe charnelle d’une âme distincte des autres, d’une personne à proprement parler dont la présence est perceptible à travers sa conscience individuelle.
En définitive, même si aucun instrument ne nous permet d’observer la présence de l’âme dans le cœur, nous pouvons toujours appréhender son existence par la conscience qui en émane. Il arrive que le soleil soit caché par des nuages, mais nous savons pourtant qu’il est présent par la lumière qui en émane. Ce principe vaut tout autant pour l’âme: puisqu’une conscience parcourt tous les corps vivants, elle a forcément une source. Et cette source vive, tout invisible qu’elle soit à nos yeux, c’est l’âme, l’être ou la personne en soi.
Âme et conscience sont indissociables. Et elles font l’objet d’une vaste science exposée en détail dans la Bhagavad-gita et dans l’ensemble de la littérature védique. Cet humble billet ne vous en offre qu’un aperçu qui, je l’espère, contribuera à stimuler votre réflexion et à pousser plus loin vos recherches.