Véda est un mot sanskrit qui se traduit par « connaissance », « science » ou « savoir ». Selon la tradition par laquelle le savoir védique a traversé les siècles jusqu’à nous, ce mot désigne plus précisément la connaissance physique et métaphysique de l’univers, révélée par l’Être suprême dès le début de la création au démiurge Brahma. Il s’agirait donc en quelque sorte du manuel d’instruction de la vie en ce monde!
Sauf qu’au départ, il n’y a pas de « manuel ». Il s’agit en effet d’une tradition orale, si bien que le savoir védique doit être soigneusement transmis de maître à disciple afin d’en préserver l’intégrité. C’est ainsi que Brahma en vient à le confier à son fils Narada, qui l’enseigne à son tour au sage Vyasa.
Jusque-là, la mémoire humaine était telle qu’il suffisait à un disciple d’entendre une seule fois les enseignements de son maître pour les retenir sans la moindre faille. Mais à l’approche de l’ère actuelle, il y a quelque 5000 ans, soucieux de préserver cet héritage inestimable avant que les facultés cérébrales des humains ne s’amenuisent, Vyasa coucha le Véda original par écrit.
Comme il s’agissait d’un texte extrêmement volumineux, il entreprit de le diviser en quatre livres afin d’en rendre la matière plus accessible, et d’en confier le développement et la diffusion à quatre de ses disciples :
- Le Rig Véda (le Véda des hymnes sacrés)
- Son développement et sa diffusion ont été confiés à Paila Rishi
- Le Sama Véda (le Véda des chants)
- Son développement et sa diffusion ont été confiés à Jaimini Rishi
- Le Yajur Véda (le Véda des rites)
- Son développement et sa diffusion ont été confiés à Vaishampayana Rishi
- L’Atharva Véda (le Véda des incantations)
- Son développement et sa diffusion ont été confiés à Angira Rishi
Chacun des Védas se subdivise à son tour en :
- Samhitas (recueils de mantras)
- Brahmanas (traités techniques sur les pratiques sacrificielles)
- Aranyakas (enseignements ésotériques)
- Upanishads (traités philosophiques)
L’ensemble de ces textes constitue ce qu’il est convenu d’appeler la Shruti, soit le savoir « révélé », ou « entendu ».
S’y ajoute la Smriti, soit le savoir de la « tradition », de la « mémoire universelle », qui comprend :
- les Itihasas (épopées), dont :
- le Mahabharata (qui renferme la Bhagavad-gita)
- le Ramayana de Valmiki
- les Puranas (recueils historiques) :
- les 18 Mahapuranas (recueils majeurs)
- les 18 Upapuranas (recueils mineurs)
- divers autres écrits, dont :
- la Manu-smriti (lois de Manu pour l’humanité)
- la Vishnu-smriti (règles de vie universelles et dévotion à Vishnou)
En guise de compléments à la Shruti et à la Smriti, figurent :
- les Sutras (recueils d’aphorismes), dont :
- les Védanta-sutras (synthèse des Upanishads)
- les Dharma-sutras (règles de vie en société)
- les Shrauta-sutras (exécution des rites complexes)
- les Grihya-sutras (cérémonies domestiques et rites de passage)
- les Shulba-sutras (préparation des aires sacrificielles)
- les Védangas (sciences auxiliaires à l’étude des Védas) :
- kalpa (rites)
- shiksha (phonétique)
- chandas (métrique)
- vyakarana (grammaire)
- nirukta (étymologie)
- jyotisha (astronomie et astrologie)
- les Upavédas (sciences non directement reliées à l’étude des Védas) :
- l’Ayur Véda (médecine holistique)
- le Gandharva Véda (musique, danse et théâtre)
- le Dhanur Véda (arts martiaux et science militaire)
- le Sthapatya Véda – Vastu Véda (architecture et aménagement des habitats)
- l’Artha Véda (art de gouverner, science politique et économique)
- le Samudrika Véda (art d’interpréter les caractéristiques et les signes des mains [chirologie], du visage et de l’ensemble du corps)
- les écrits des grands maîtres
Traités et commentaires éclairés sur diverses parties des Védas
considérés comme faisant partie de la littérature « védique » au sens large.
Les textes nous apprennent qu’après avoir divisé le Véda original en quatre parties, le sage Vyasa en résuma l’essence dans le Védanta-sutra (aussi appelé Brahma-sutra), considéré comme le fin mot des Védas. Pour le bénéfice des personnes qui portent plus d’intérêt aux récits qu’à la philosophie, il rédigea ensuite le Mahabharata et les Puranas en guise de suppléments aux Védas; ils forment d’ailleurs ensemble ce qu’il est convenu d’appeler le « cinquième » Véda. Et en guise de conclusion à son œuvre magistrale, Vyasa a choisi d’extraire l’essence la plus précieuse des Védas dans son commentaire personnel du Védanta-sutra, le Shrimad-Bhagavatam, considéré comme la crème des Védas.
Dans l’ensemble, la littérature védique renferme une somme de connaissances incomparable, aussi bien sur les écoles de pensée philosophiques que sur les différentes formes de yoga, la méditation, la théorie et la pratique de la musique et de la danse, la poétique, la médecine holistique, l’agriculture écoresponsable, l’art de gouverner, l’alimentation, la construction et l’aménagement des habitats, l’art dramatique et les règles d’étiquette sociale, sans bien sûr oublier la science intégrale de la pleine réalisation de soi.🕉