Allocution prononcée lors du lancement officiel de mon troisième ouvrage.
Pourquoi un autre livre sur la spiritualité? Eh bien, pour la simple et bonne raison que la spiritualité, c’est ce que nous avons de plus précieux. On associe généralement la spiritualité à la religion, à diverses croyances et pratiques, à la prière, à la méditation ou au yoga, mais la spiritualité, c’est beaucoup plus que ça.
De la même façon que notre « humanité » définit notre condition humaine, notre « spiritualité » définit notre identité spirituelle. Nous oublions trop facilement que nous ne sommes pas des êtres humains en quête d’une expérience spirituelle, mais bien des êtres spirituels vivant une expérience humaine!
Comment savons-nous que notre identité propre est de nature spirituelle? Nous le savons parce qu’aucune forme d’énergie matérielle ni aucune combinaison d’éléments matériels ne peut donner la vie. Seule l’énergie spirituelle peut donner vie à la matière. Seule la personne que je suis peut donner vie au corps que j’habite. Dès l’instant où je quitterai ce corps, il s’éteindra et se décomposera. Rien ni personne d’autre ne pourra le ramener à la vie.
La spiritualité n’est donc pas quelque chose d’extérieur à nous, mais bien plutôt notre essence même, l’ADN de notre ADN. La spiritualité, c’est à proprement parler… la vie! Nous avons donc tout intérêt à mieux nous connaître pour profiter pleinement de la vie. Voilà pourquoi j’ai écrit ce troisième livre sur la spiritualité, et pourquoi je compte bien en écrire d’autres. Le sujet est en effet inépuisable.
Lecture d’extraits de
Vivre ma spiritualité aujourd’hui – Une affaire de conscience
Compte tenu de tous les changements qui surviennent dans notre corps et notre esprit de la naissance à l’âge adulte – aussi bien que dans notre situation sociale, professionnelle ou familiale –, il est évident que nous ne sommes pas ce que nous croyons être à différentes étapes de notre vie, puisqu’à travers toutes ces transformations, nous demeurons foncièrement la même personne.
Aussi attaché que je puisse être à mon corps et aux désignations qui le caractérisent, je n’en reste pas moins celui ou celle qui perçoit les sensations que me procure ce corps. Et c’est encore moi qui ressens les émotions que suscitent dans mon esprit mes rapports avec les gens qui m’entourent et avec le monde dans lequel je vis.
Bref, je ne suis pas mon corps, non plus que mon mental, puisque je peux, selon le cas, observer, subir ou contrôler ce qui se passe dans l’un comme dans l’autre. Il s’agit donc de regarder au-delà du corps physique et du mental pour découvrir qui est ce « je », ce « moi » ou cet « observateur ».
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Aucune action n’est bonne ou mauvaise en soi. C’est son objet et l’esprit dans lequel nous l’accomplissons qui déterminent son impact sur nous-mêmes et sur les autres. Le secret réside dans la conscience avec laquelle nous agissons.
Explorons plus avant ce qu’il en est de l’action accomplie par sens du devoir, dans le respect des lois de l’homme et de l’univers, et sans attachement aux résultats. Je ne risque guère de me tromper si je dis que cette perspective ne nous sourit pas spontanément. Premier réflexe : « Si je me fous des résultats, je n’arriverai jamais à rien! » Attention! Il n’est absolument pas question de se foutre des résultats. Il s’agit plutôt d’avoir l’humilité d’admettre et de reconnaître que peu importe l’énergie et les ressources que je peux déployer dans mes entreprises, je n’ai AUCUN contrôle sur les résultats en question. Vous en doutez? Parlez-en au cultivateur qui voit sa récolte détruite par la grêle en dépit de ses valeureux efforts; à l’homme d’affaires qui voit s’écrouler le marché au moment de lancer un produit soigneusement étudié dont le développement a nécessité d’importants investissements; ou à l’auteure inconnue et sans le sou dont le premier roman est rejeté par tous les éditeurs à qui elle le présente avant de devenir un des plus grands best-sellers de tous les temps! Il s’agit d’une vérité immuable : les résultats sont parfois inférieurs à nos attentes, parfois satisfaisants, sans plus, et parfois nettement supérieurs à tout ce qu’on aurait pu imaginer, mais JAMAIS nous n’avons la moindre garantie en ce sens.
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Nombre d’animaux sont beaucoup mieux dotés que nous à plusieurs égards. Qu’il suffise de penser à l’ouïe du chien, capable d’entendre une large plage de fréquences auxquelles nous restons parfaitement insensibles, ou à son odorat, jusqu’à quarante fois plus développé que le nôtre… Au système de navigation des baleines, qui parcourent des milliers de kilomètres pour mettre bas au même endroit génération après génération… À la capacité de manger de la musaraigne, capable d’engloutir chaque jour jusqu’à deux fois son poids en nourriture… À la vision de l’aigle, qui peut repérer sa proie à plus de cinq cents mètres… À la force d’une simple fourmi, capable de transporter jusqu’à soixante fois son poids… Et que dire de l’ours, qui peut dormir tout l’hiver, ou des performances sexuelles de nos cousins les singes?
Tout bien considéré, sur le plan strictement physique, nous n’avons franchement pas de quoi pavoiser dans la création. Les atouts de l’Homo sapiens se situent à un tout autre niveau, et je ne parle pas ici que du rire, communément tenu pour le propre de l’homme même si de nombreux chercheurs estiment que d’autres espèces en sont aussi capables. Ce qui fait l’exclusivité unique de l’espèce humaine, c’est la faculté de se questionner, de raisonner et de façonner sa destinée. Au contraire des animaux, l’être humain est à même de faire des choix existentiels, et du coup de s’élever ou de s’abaisser, de continuer à mésuser de son libre arbitre et à migrer d’un corps à un autre, ou de mettre fin à ce cycle contraignant qui va à l’encontre de sa nature profonde et de sa raison d’être.
Pour l’âme désireuse de tirer pleinement parti de son existence, le choix est clair : elle doit saisir l’occasion exceptionnelle que lui offre la forme humaine pour raviver la conscience de son moi véritable et renouer avec sa source, au-delà du train-train boulot-bouffe-baise-dodo. Telle est sa raison d’être, et le fondement même de sa mission sur terre.
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En fin de compte, la voie à suivre pour vivre sa spiritualité n’est autre que celle qui permet d’élever sa conscience au-delà de la conception strictement corporelle et matérielle de la vie, et de raviver sa conscience de l’Absolu. Car – faut-il le répéter – la spiritualité est d’abord et avant tout une affaire de conscience.
Et cette voie peut être suivie par tous, quelles que soient leur culture, leur éducation et leur religion – ou leur absence de religion. Oubliez les idées reçues sur la spiritualité voulant qu’elle passe par le retrait du monde, le renoncement aux plaisirs temporels, l’adhésion à un groupe, la prière à tout va ou je ne sais quelles bigoteries. La voie de la réalisation spirituelle ne dépend d’aucun préalable, n’impose aucune contrainte et n’obéit à aucune règle autre que le désir et la volonté expresse d’opérer en soi un changement de conscience libérateur. Reste à prendre des mesures concrètes pour y parvenir.
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Une des plus grandes difficultés à vivre ma spiritualité aujourd’hui tient au fait que tout me pousse à m’en détourner. Je suis bombardé d’appels à la consommation, d’annonces de spectacles et d’événements à ne pas manquer, d’incitations à mille et une formes d’évasion et de divertissement… Il faut une volonté de fer pour restreindre ses élans et se réserver le temps de vivre sa spiritualité au quotidien. Tous les moyens d’apaiser ses sens surexcités et son mental tourbillonnant sont donc les bienvenus. L’identification au corps et le conditionnement matériel résistent à tout effort d’affranchissement de cette fausse conception de l’existence. Or, une vie simple et de hautes pensées contribuent grandement à réduire leur emprise.
La beauté de la chose, en fin de compte, c’est qu’au-delà de tous les principes et de toutes les pratiques, la spiritualité reste foncièrement une affaire de conscience. La conscience qui m’habite et que je cultive quand je joue et quand je travaille. La conscience avec laquelle je cuisine, je bois et je mange. La conscience dans laquelle je peins, je chante et je tricotte. La conscience par laquelle je lis et j’écris. La conscience qui anime la moindre de mes pensées, la moindre de mes paroles et le moindre de mes actes. Matérielle ou spirituelle? Le choix est mien. À chaque instant de mon existence. En tout temps et en tout lieu.