Mental, esprit, intellect, cerveau… autant de termes parmi d’autres qu’on emploie fréquemment de façon plus ou moins interchangeable. Ils ne sont toutefois pas synonymes. Et la connaissance de soi passe par une compréhension plus fine de leurs spécificités.
Au-delà du corps physique, composé d’éléments matériels dits «bruts» ou «grossiers», en ce qu’ils sont visibles ou palpables, se trouve le corps dit «subtil», composé du mental, de l’intelligence et de l’ego, imperceptibles à l’aide de nos instruments de mesure ou d’observation. Et tant sur le plan physique que sur le plan subtil, chacun des éléments constituants du corps pris dans son ensemble remplit une fonction particulière.
Voir 24 éléments matériels.
La Katha Upanishad compare l’être vivant – le soi, ou l’âme – au passager d’un char représentant le corps physique, soit le véhicule à l’intérieur duquel il évolue. Les chevaux fougueux qui tirent le char sont apparentés aux sens, sensibles aux divers stimuli provenant du monde extérieur; et les rênes, au mental, qui réagit aux impulsions reçues des sens. Le cocher incarne pour sa part l’intelligence, chargée de tenir les rênes du mental, de contrôler l’attelage des sens et de conduire le char et son passager à bon port.
Cette comparaison imagée nous permet de saisir clairement que les notions évoquées en rubrique ne sont effectivement pas synonymes. Nous n’avons pas trop de mal à comprendre le fonctionnement des sens, mais pour mieux distinguer les éléments subtils qui entrent en jeu dans nos perceptions et dans les actions résultantes, il importe de définir plus en détail leurs rôles respectifs.
Le cerveau
Le cerveau ne fait pas partie des éléments subtils, mais il convient tout de même de le situer dans le contexte qui nous occupe. Certains y voient une mécanique complexe, un réseau de connexions synaptiques variant au gré de nos expériences. D’autres en font le siège de notre identité même, en contrôle – conscient ou inconscient – de tout ce qui se passe sur le plan corporel. Et d’autres encore le disent être le lieu de transition entre la matière et l’esprit.
Quoi qu’il en soit, le cerveau n’est pas un élément comme tel, mais bien un organe composé d’éléments grossiers, parcouru d’impulsions électriques et sujets à diverses réactions biochimiques. Il n’est pas non plus le siège de notre identité, l’âme siégeant plutôt, selon les Védas, au niveau du chakra du cœur. Le cerveau agit en fait comme médiateur des fonctions autonomes du corps et comme interface entre l’être conscient et son habitacle physique.
Quant à l’esprit, il peut aussi bien désigner le mental que l’intelligence ou le soi. Il ne s’agit donc que d’un terme générique dont le sens varie selon le contexte.
Le mental
Le mental remplit trois fonctions bien précises : le penser, le sentir et le vouloir. Ces trois facultés relèvent en effet entièrement de lui. C’est dans le mental que nos pensées et nos désirs prennent forme, se développent et se transforment. Le mental réagit en outre aux sensations que nous percevons, et il les interprète de façon tantôt favorable, tantôt défavorable, selon nos schèmes de référence. Le sentir est aussi le domaine des émotions, dont le mental est le terrain de jeu par excellence. Quant au vouloir, il permet de mettre en œuvre les moyens nécessaires à l’obtention des résultats les plus désirables (ou les moins indésirables) à travers chacun de nos gestes.
Le mental est très proche des sens qui, vu leur impétuosité, n’ont guère de mal à l’entraîner dans leurs aventures. Il est du coup le plus souvent ballotté entre le oui et le non, le bien et le mal, le juste et l’injuste, le vrai et le faux… En un mot, laissé à lui-même, le mental ne sait globalement que réagir aux sensations et aux impressions qui lui viennent du monde extérieur à travers les sens. Il n’a aucun pouvoir décisionnel.
L’intelligence
L’intelligence gouverne quant à elle nos facultés de raisonnement, d’analyse, de discernement et de jugement. Il s’agit en quelque sorte de notre ordinateur central. C’est à travers elle que nous devons déterminer ce qui est valable ou non et ce qui sert le mieux nos intérêts. Tel un cocher, elle doit fermement tenir les rênes du mental pour assurer le contrôle de nos pensées et de nos émotions, et par le fait même, une meilleure maîtrise de nos sens. Par contre, lorsqu’elle n’est pas assez développée ou lorsqu’elle ne dispose pas de données suffisantes, elle ne peut fournir aucune directive précise au mental, qui reste alors en proie à la dualité et aux sollicitations des sens.
L’ego
Aussi appelé «faux ego», ce troisième élément subtil est en quelque sorte l’ombre du moi, la projection de l’âme sur l’écran tridimensionnel de la sphère matérielle, soit une représentation illusoire de soi qui voile la conscience de notre identité réelle sous l’influence des trois gounas.
Bref, ce trio, bien que subtil, n’en demeure pas moins de nature matérielle, au même titre que le cerveau et les sens, que les éléments bruts dont se compose le corps physique, que nos organes de perception et que nos organes d’action. Le véritable ego, l’âme, ou l’être vivant en soi, de nature spirituelle, n’a aucun lien tangible avec eux, si ce n’est qu’il s’identifie au corps qu’il habite sous l’effet d’une conception matérielle de la vie.