Je vous soumets aujourd’hui quelques réflexions sur les théories voulant que la vie naisse de la matière inerte ou de l’agencement fortuit de ses composantes dans ce qu’il est convenu d’appeler une soupe biochimique primordiale.
L’origine de la vie fait débat depuis que la science a supplanté les croyances millénaires. Nombreux sont ceux et celles qui invoquent les progrès de la science pour balayer du revers de la main la théorie de la création, soutenant qu’il n’est nul besoin de faire intervenir une quelconque puissance divine pour expliquer le fonctionnement de l’univers et l’évolution des espèces. Mais c’est sans compter les prises de position des scientifiques qui se sont sérieusement penchés sur la question.
Prenons l’exemple de Sir Fred Hoyle, nul autre que le célèbre astronome britannique qui a inventé l’expression «Big Bang» dans les années 1950. D’athée inflexible qu’il était, il a fait un virage à 180 degrés lorsqu’il a découvert que la vie ne pouvait avoir une origine aléatoire.
«Le problème, explique-t-il dans Evolution from Space, c’est qu’il y a environ 2000 enzymes absolument essentiels à la vie, et que la probabilité qu’ils se rapprochent et s’assemblent par hasard de façon suffisamment ordonnée pour former une cellule vivante, fût-ce au terme d’une évolution de plusieurs milliards d’années, est de moins de 1 chance sur 1040 000, une probabilité si follement infime qu’elle demeurerait irréalisable même si l’univers entier était constitué de soupe organique.»
Ce qui l’amènera à déclarer que, dans ces conditions, la vie ne peut pas avoir eu un commencement aléatoire, et que seul un blocage psychologique ou idéologique peut expliquer, chez certains, le refus d’une intelligence créatrice. D’un point de vue strictement scientifique, ce postulat est en effet devenu irréfutable à la lumière des données dont nous disposons aujourd’hui.
Antony Flew, un des plus grands philosophes du 20e siècle, était de même un athée convaincu, et ce, dès l’âge de 15 ans, au point d’en faire le combat de sa vie. En faisant des études sur la découverte de l’ADN et de l’ARN au soir de sa vie, il ne put toutefois qu’admettre, dans There Is a God, que l’inconcevable complexité de structure et d’agencement des éléments requis pour produire un être vivant n’était possible qu’avec l’intervention d’une haute forme d’intelligence.
Chandra Wickramasinghe, professeur de mathématiques appliquées à l’Université de Buckingham et directeur du Cardiff Centre for Astrobiology, abonde dans le même sens que Fred Hoyle. Il écrivait dans la revue scientifique The Biochemist (21[6]):
«La probabilité que la vie ait pu se former à partir de matière inanimée correspond à un chiffre avec 40 000 zéros avant le 1. Un chiffre assez petit pour enterrer Darwin et la totalité de la théorie de l’évolution. Or, si les débuts de la vie ne sont pas dus au hasard, ils sont forcément le produit voulu d’une intelligence.»
Christian de Duve, docteur en médecine et biochimiste belge, prix Nobel de physiologie ou médecine, écrit dans Poussière de vie, une histoire du vivant:
«J’estime nécessaire d’exclure le hasard. J’ai opté en faveur d’un univers signifiant et non vide de sens. Non pas parce que je désire qu’il en soit ainsi, mais parce que c’est ce que révèlent les données scientifiques dont nous disposons.»
Hubert P. Yockey, un physicien américain ayant travaillé au projet Manhattan sous la direction de Robert Oppenheimer, est lui aussi frappé par l’improbabilité de la genèse de l’ADN – du code génétique du vivant –, comme il l’explique dans Information Theory and Molecular Biology, publié par les Presses de l’Université Cambridge:
«Pour qu’opère la sélection naturelle, il lui aurait fallu explorer 1,4 x 1070 codes génétiques différents dans l’espoir de découvrir le code génétique universel existant dans la nature.»
Yockey a également calculé que la probabilité d’apparition aléatoire de la molécule de cytochrome c, omniprésente dans le règne vivant, absolument essentielle à la respiration cellulaire, et composée d’une centaine d’acides aminés, est de 1 chance sur 1065. Et que, même en remplissant la totalité des océans d’acides aminés, compte tenu du phénomène naturel de la chiralité, qui a pour effet d’exclure certains acides aminés, cette probabilité tombe à 1 chance sur 1094.
Pour avoir établi l’invraisemblable probabilité d’apparition de nombre d’autres éléments nécessaires à la vie, Yockey insiste sur le fait qu’en conjuguant les différentes probabilités obtenues, il devient proprement impensable que la vie ait pu apparaître sans un dessein savamment délibéré.
Le biochimiste Michaël Denton écrit, dans Évolution : une théorie en crise:
«Pour que se forme une seule cellule par pur hasard, au moins une centaine de protéines fonctionnelles devrait apparaître simultanément au même endroit. Or, chacun de ces événements indépendants a une probabilité qui ne peut pas dépasser 1 chance sur 1020, de sorte que la probabilité la plus élevée que cela se produise est donc de 1 chance sur 102000. Et c’est sans compter les autres éléments nécessaires à la formation d’une cellule.»
Robert Shapiro, professeur de biochimie à l’Université de New York et spécialiste des recherches sur l’ADN, se consacre à l’étude des bactéries. Dans le cadre de ses travaux, il en est venu à estimer à 1 chance sur 1040 000 la probabilité de formation par hasard des 2000 sortes de protéines présentes dans une simple bactérie.
Pour n’en citer qu’un dernier, car la liste est longue, le biophysicien Harold Morowitz de l’Université de Yale, spécialiste de l’application de l’informatique et de la thermodynamique à la biologie, a calculé que la probabilité qu’une cellule vivante la plus simple qui soit vienne à naître par hasard – compte tenu des probabilités individuelles relatives aux différents éléments dont elle doit se composer pour être viable – est de 1 chance sur 10340 000, ce qui est en réalité égal à 0.
Des astrophysiciens, astronomes et cosmologues avaient déjà établi que le fonctionnement de l’univers avec toute la complexité et la sophistication que nous lui connaissons n’avait que 1 chance sur 10120 d’être ce qu’il est, et ce nombre était déjà considéré comme insensé, aucun phénomène observable en ce monde ne pouvant dépasser cette probabilité. Et voilà que la biologie pulvérise les limites de l’inconcevable en chiffrant l’apparition aléatoire de la forme de vie la plus élémentaire qui soit à 1 chance sur 10340 000!
Au-delà des considérations d’ordre philosophique sur la question des origines de la vie, les chiffres sont catégoriques. Tous les scientifiques qui, non contents de souscrire aveuglément aux théories couramment admises parce que largement répandues, ont pris la peine d’étudier la question avec tout le sérieux qu’exige la recherche scientifique déclarent à l’unanimité que le vivant ne peut naître de l’agencement fortuit d’éléments inertes. Par conséquent, les différentes lois et conditions physicochimiques qui régissent l’apparition du vivant renvoient nécessairement à l’existence d’un concepteur intelligent, au-delà de tout doute raisonnable, nous disent les scientifiques précités.
Autrement dit, la vie vient de la vie, et contrairement à la matière inerte, elle est impérissable, donc éternelle. Elle ne fait que changer de forme. Ainsi le vivant dans ses innombrables formes ne peut-il naître que du vivant, de sorte que la source de toute vie se doit d’être elle-même vivante, et de la plus savante intelligence qui soit pour engendrer l’incommensurable variété de toutes les formes de vie. Comme quoi les probabilités peuvent même contribuer à un meilleur entendement de la spiritualité!