Depuis plus d’un demi-siècle maintenant, les recherches et les études sur la méditation se multiplient. La science s’intéresse d’ailleurs de plus en plus à ses effets sur la santé physique et mentale, aussi bien chez les enfants que chez les personnes âgées. Mais la science moderne étant ce qu’elle est, c’est-à-dire limitée à des données observables et mesurables au moyen de nos sens imparfaits et d’appareils eux-mêmes confinés aux limites de la matière, elle oblitère complètement l’objet premier et les bienfaits supérieurs de la méditation.
Les plus récentes recherches en laboratoire auprès d’adeptes de différentes formes de méditation ont donné des résultats auxquels les scientifiques ne s’attendaient pas. Un de ces chercheurs, le neurologue belge Steven Laureys, a par exemple eu recours à diverses techniques pour étudier le cerveau des pratiquants: stimulation magnétique transcrânienne (SMT), électroencéphalographie (EEG), imagerie par résonance magnétique (IRM), tomographie par émission de positons (TEP) et autres. Lui et son équipe ont ainsi obtenu une foule de données probantes sur les effets neurologiques de la méditation.
Les chercheurs ont notamment constaté que la structure et le fonctionnement du cerveau des méditants différaient considérablement de ceux de personnes n’ayant jamais médité. À titre d’exemple, le moine bouddhiste Matthieu Ricard, un septuagénaire ayant une longue expérience de la méditation, présentait un volume accru de matière grise – comparable à celui de personnes dans la soixantaine, ou même dans la cinquantaine – ainsi qu’une densité plus élevée du corps calleux, ayant pour effet d’augmenter les interconnexions entre l’hémisphère gauche et l’hémisphère droit du cerveau.
Sans entrer dans le détail des protocoles de recherche employés par les différentes équipes scientifiques qui s’intéressent à la question, il en ressort une foule de résultats plus intéressants les uns que les autres. À commencer par de simples mais non moins appréciables effets bénéfiques sur le contrôle des émotions et le comportement en général; et ce, même chez des personnes qui ne méditent qu’une vingtaine de minutes par jour depuis quelques semaines à peine!
À recommander sans réserve
Les chercheurs sont particulièrement frappés par le développement accru de certains réseaux de neurones et de connexions synaptiques chez les méditants. Conjugué au ralentissement de la réduction de la matière grise avec l’âge, cet effet pourrait contribuer à retarder ou empêcher certaines maladies neurodégénératives comme l’alzheimer et les troubles cognitifs qui en découlent.
Entre autres observations cliniques, mentionnons les effets positifs de la méditation régulière sur l’attention, la concentration, la mémoire, la prise de décisions, la perception de la douleur et la gestion du stress. Toujours d’après les recherches effectuées à ce jour, elle peut même favoriser la créativité, l’empathie et la compassion!
Tous ces atouts suffisent amplement à encourager la pratique de la méditation, quels que soient notre âge, notre état de santé et notre situation familiale, professionnelle et sociale. Mais ce n’est là que la pointe de l’iceberg. Car bien qu’elle soit aujourd’hui le plus souvent considérée comme une simple gymnastique mentale, la méditation est en fait beaucoup plus que ça, et ses réels bienfaits vont bien au-delà de ce que les scientifiques observent en laboratoire.
Pensez-vous vraiment que les lamas tibétains pratiquent la méditation pour faire épaissir leur matière grise ou pour avoir plus de mémoire? Ou que les yogis de l’Himalaya méditent depuis des milliers d’années pour mieux gérer leur stress et leurs émotions? Bien sûr que non. Je ne connais d’ailleurs aucun spiritualiste de quelque orientation que ce soit qui pratique la méditation afin de renforcer son système immunitaire, d’aiguiser ses neurones ou d’améliorer l’état de ses chromosomes.
Mais alors, pourquoi s’astreignent-ils tous à une telle pratique? La méditation améliore naturellement la qualité de vie de toute personne qui la pratique, mais ce n’est là qu’un effet corollaire. Ce n’est pas son but premier. Ni son plus grand bienfait.
Vers la pleine conscience «plus»
La méditation est une pratique millénaire qui vise l’absorption de tout son être dans la transcendance. Et qui dit transcendance, dit au-delà des sens et du mental. Les philosophes et les ascètes impersonnalistes ne méditent pas sur leur respiration ou sur les moindres sensations qu’ils ressentent; ils cherchent à se fondre dans la lumière et l’énergie qui tout pénètre. Les irréductibles yogis ne méditent pas sur une bougie ou sur le vide, mais sur l’aspect localisé du Suprême en leur cœur. Et les personnalistes dans l’âme méditent résolument sur les noms et les formes de l’Absolu.
Au-delà de la gymnastique mentale, la méditation a pour but de libérer l’esprit de ses liens avec la matière, et non de le concentrer davantage sur son corps et son environnement. Les mantras, par exemple, sont des vibrations purement spirituelles en soi, précisément conçues à cette fin. La méditation ne consiste pas non plus à faire le vide, ce qui, soit dit en passant, est impossible – un esprit vide est un esprit mort, ou à tout le moins profondément endormi, et non supraconscient.
La méditation consiste au contraire à engager positivement son énergie et ses pensées, voire ses paroles et ses actes, de manière à élever son esprit au-delà des contingences matérielles. Pratiquer la méditation de cette façon donne d’entrer en communion, en état de grâce, avec la nature, l’univers, la lumière et la source de toute lumière et de toute énergie. Tel est son plus grand bienfait, et celui que tout méditant devrait rechercher.
Si vous pratiquez l’une ou l’autre des formes de méditation enseignées de nos jours par toutes sortes de guides, coachs et thérapeutes, et que cela vous fait le plus grand bien, n’arrêtez surtout pas! Songez cependant à y intégrer la dimension spirituelle de sorte à élever votre niveau de conscience encore plus haut. Autrement dit, cultivez la pleine conscience non seulement de votre corps et de votre esprit, mais aussi de l’âme spirituelle que vous êtes et de l’Absolu dont nous sommes parties intégrantes et avec lequel nous sommes tous éternellement en relation – consciemment ou non.