Masque maison, masque chirurgical, N95… Le mot est sur toutes les lèvres, et l’objet, sur de plus en plus de visages.
Pour ou contre? Le débat fait rage. Études scientifiques à l’appui, certaines administrations publiques en rendent désormais le port obligatoire dans les lieux fermés, et nombre d’autres envisagent de leur emboîter le pas. Études scientifiques à l’appui, divers segments de la population s’y opposent ex cathedra. Et entre les deux, une foule d’indécis, de résignés, de frustrés et de bons samaritains qui aimeraient tout de même y voir plus clair.
Pour citer un petit comique: « Si le masque est obligatoire dans les établissements fermés, je vais simplement attendre qu’ils rouvrent. »
Qui a tort et qui a raison? Seul l’avenir nous le dira, ou pas… Une chose est sûre, cependant: si ce fameux masque fait couler autant d’encre et de salive, c’est d’abord et avant tout parce qu’il est très visible, alors que d’autres nous laissent complètement indifférents.
Nous avons en effet une longue pratique des masques, mais de masques plus discrets et si intimement intégrés à nos personas qu’ils font beaucoup moins de bruit sur les réseaux sociaux et que nous n’en faisons nous-mêmes aucun cas. Pour tout dire, ils sont si bien intégrés que nous ne les voyons même pas comme des masques!
Ces masques que nous ne voyons pas
Je parle bien sûr des masques du genre, de la race, de la nationalité, du rang social, de l’appartenance politique, idéologique ou religieuse, et de tous les autres masques qui définissent nos fausses identités et que nous portons fièrement sans sourciller.
L’être humain peut parfois se montrer très bizarre. Le voilà qui remue ciel et terre pour un bout de chiffon ou de plastique, y voyant, pour certains, un moyen de protection indispensable, et pour d’autres, un instrument d’hégémonie inqualifiable, en plus d’être inconfortable et d’empêcher les rapprochements naturels entre congénères.
Mais c’est sans tenir compte du fait que nos propres masques sont souvent dérangeants pour ceux et celles qui ne partagent pas notre couleur de peau, notre pays d’origine, nos convictions personnelles ou nos croyances collectives. À vrai dire, tous nos masques sont tôt ou tard sources de discorde, et qui dit discorde dit distanciation sociale extrême et toxique.
Nos fausses identités nous empoisonnent la vie et celle des autres dans une mesure infiniment plus grande qu’un simple virus, fût-il couronné. Pire encore, elles nous mènent droit à une mort certaine, alors qu’avec la Covid-19, nos chances de survie sont finalement plutôt bonnes.
L’envers du masque
Fausses identités, dis-je? Oui, parce que derrière tous les masques que nous arborons, il y a un humain, et parce que derrière cette enveloppe humaine, il y a une âme, une énergie vitale qui n’a aucun lien avec les différentes désignations dont elle peut s’affubler.
La crise des masques est d’autant plus forte à notre époque que, selon les Védas, nous nous trouvons dans le quatrième âge d’un cycle cosmique, appelé kali-youga, soit «l’âge de la discorde» dans la langue de Molière. Et cette discorde naît de ce qu’on oublie trop facilement que derrière les masques de la couleur, du sexe et autres, nous sommes tous frères et sœurs, égaux devant l’Éternel.
Cette égalité qui, malgré tous nos efforts, ne se manifeste jamais entièrement dans la sphère matérielle, s’explique par notre identité réelle. Car au cœur de chaque humain – comme de tout être vivant – se trouve ce qu’il est convenu d’appeler une âme, soit la source de l’énergie qui l’anime durant son séjour sur terre.
Pour contrer la discorde, il est donc primordial de faire tomber les masques qui nous retiennent prisonniers d’une conception matérielle de la vie, afin de raviver la conscience de notre véritable identité, rayonnante et pérenne, purement spirituelle dans son essence. Donc entièrement libre des contingences que nous imposent les désignations factices auxquelles nous nous identifions et auxquelles nous réagissons, le plus souvent sans même y penser.
Justifié ou non, l’accessoire facial à la mode du jour devient alors très secondaire. Nous avons à nous occuper en priorité de choses beaucoup plus importantes, croyez-moi; à commencer par la personne qui se trouve derrière l’enveloppe humaine qui se trouve derrière le masque. Je vous dis juste ça comme ça…