Si Dieu est amour, lumière et paix, d’où vient le mal?
Puisque l’Absolu englobe tout, n’est-il pas forcément la source du mal autant que du bien, comme il doit aussi l’être de la beauté et de la laideur, de la grandeur et de la petitesse, de la richesse et de la pauvreté, bref de tous les positifs et négatifs?
Oui et non. Car, en soi, l’Absolu est Un et indivisible. La Brahma-samhita le définit comme étant l’ultime expression de l’éternité (sat), de la connaissance (cit) et de la félicité (ananda) en un tout homogène, complet et parfait. L’éphémérité, l’ignorance et le malheur ne sont que des formes dégradées à différents degrés de leur essence première, que des manifestations relatives, incomplètes et dénaturées du Grand Tout.
L’exemple de la Force est pertinent dans ce contexte. La Force est en effet neutre; c’est l’usage qu’en font les protagonistes de La guerre des étoiles qui la rend claire ou obscure. Et la frontière entre les deux est souvent mince. De même, le Tout-puissant est neutre; c’est notre rapport à lui qui détermine le bien ou le mal.
Oui, Dieu est amour, lumière et paix, et si nous vivons en parfaite harmonie avec lui et avec les valeurs universelles, nous participons tout naturellement de cet amour, de cette lumière et de cette paix, comme de l’éternité, la connaissance et la félicité inhérentes à l’Absolu au fondement même de tout ce qui existe. Mais si nous renions nos liens avec le Divin en poursuivant nos intérêts personnels sans égard aux siens, nous optons, consciemment ou non, pour le côté obscur de la Force.
Honni soit qui mal y pense
Combien de fois entend-on dire : «Si Dieu existait, il n’y aurait ni guerre, ni injustice, ni famine, ni maladie.» On pourrait allonger la liste de ces calamités, mais la remarque n’en serait pas moins totalement infondée. Ce sont des hommes qui font la guerre à d’autres hommes, encore des hommes qui, par égoïsme, sont causes d’injustices et d’inégalités, et toujours des hommes qui, par mille et une pratiques irrespectueuses de l’environnement et des principes de vie les plus élémentaires, provoquent famines, maladies et autres fléaux. Le mal ne vient pas de Dieu, mais de l’homme. Le mal n’a pas à être créé, il est le simple refus du bien.
Pour plus de clarté, nous faisons partie intégrante du Grand Tout, mais nous conservons à jamais notre individualité, et qui dit individualité, dit libre arbitre. Autrement dit, nous sommes libres d’agir en symbiose avec la Source dont nous émanons, ou de nous en détourner pour tenter d’exercer notre empire sur tout ce qui nous entoure.
Or, pour évoluer dans la sphère spirituelle, nos intérêts personnels ne peuvent entrer en conflit avec les valeurs d’harmonie absolue qui y règnent. C’est ainsi que, tout en étant de nature éternelle, nous obtenons de revêtir un corps temporaire dans lequel donner libre cours à nos désirs d’affirmation et d’indépendance.
De force ou de plein gré
Le mal et son cortège de souffrances naissent d’une mauvaise utilisation de la Force, soit de notre indépendance et de notre libre arbitre. Lorsqu’une personne se retrouve en prison pour avoir commis un crime, ce n’est pas Dieu qui l’y envoie. Lorsqu’une personne est aux prises avec une maladie chronique pour avoir commis Dieu sait quels abus, à qui la faute? Lorsqu’une personne met sa vie et celle des siens en péril par imprudence, par incurie ou par ignorance, qui doit-elle blâmer?
Le Grand Manitou respecte entièrement notre liberté. Dans sa forme personnelle, son plus grand souhait est de nous voir réunis avec lui, hors de toutes les contingences contre lesquelles nous rageons tant et aussi longtemps que nous entretenons une conception matérielle de la vie. Mais il nous laisse néanmoins entièrement libres d’agir à notre guise et de chercher le bonheur dans la dimension matérielle, si tel est notre désir. Le cas échéant, il nous accompagne même pour guider nos pas, car dans sa forme localisée – que certains perçoivent comme l’ange gardien ou la petite voix intérieure –, il est présent dans le cœur de tout un chacun.
«Oui mais…», vous entends-je dire, qu’en est-il des malheurs dont nous sommes victimes alors que nous n’avons rien fait pour les mériter? Et je vous réponds que le côté obscur de la Force est sans pitié. La Bhagavad-gita explique en long et en large que nos actes portent tous fruit, que ce soit sur-le-champ, après un certain temps, ou beaucoup plus tard, sinon dans une autre vie. Ce n’est pas parce que nous ne nous souvenons pas d’avoir agi de façon à mériter ce qui nous arrive que nous n’en sommes pas l’auteur et le créateur. Nous sommes en tout temps seuls maîtres et responsables de notre destinée, et il faut être lâche ou inconscient pour rejeter la faute sur Dieu. Ne croyez-vous pas?
«Le côté obscur de la Force, redouter tu dois», disait sagement Yoda.