Ou devrais-je plutôt dire «cette illustre inconnue»? Après tout, n’est-elle pas sur toutes les lèvres? Certains parlent d’âmes sœurs ou de vieilles âmes, d’autres ont le vague à l’âme ou l’âme en peine, et d’autres encore sont persuadés d’avoir une âme alors que certains s’en défendent, jusqu’à ce qu’on dise qu’ils ont bel et bien rendu l’âme. Pour faire la lumière sur cette notion largement malmenée et, sinon inconnue, à tout le moins méconnue, je vous propose, au fil des mois à venir, une série d’articles inspirés des textes védiques sur la nature et les attributs de l’âme.
Inspirés des textes védiques, parce que c’est là qu’on trouve le plus d’information sur l’âme, à commencer par la Bhagavad-gita, une référence incontournable en matière de spiritualité. Mais sans négliger les Upanishads, les Puranas et les Itihasas, qui élaborent abondamment sur la question.
L’homme s’interroge de tout temps sur le sens de la vie. C’est ainsi que philosophes, théologiens et autres penseurs ont tour à tour formulé des théories et instauré des croyances sur l’essence des vivants.
L’anima des Romains, la psyché des Grecs, la nèphèsh des Hébreux et le ba des Égyptiens désignent tous ce qu’on appelle communément l’âme en français. Mais alors que pour certains, elle se confond avec le corps, d’autres lui prêtent une existence séparée de ce dernier. Et tandis que d’aucuns la définissent comme l’être ou la personne en soi, elle ne représente pour d’autres que l’esprit en eux.
Perspectives multiples
Les grands philosophes y sont eux-mêmes allés de plusieurs hypothèses. Platon considérait que l’âme définissait l’homme et en était le principe vital. Pour Aristote, l’âme et le corps étaient une seule et même substance, le corps en étant la matière, et l’âme, la forme, tandis que Socrate tenait l’âme pour immortelle et distincte du corps. Quant à Épicure, il voyait l’âme comme une dispersion d’atomes dans le corps, vouée à mourir avec lui. Homère est même allé jusqu’à dire que les humains ont deux âmes!
Quant à la place de l’âme dans différentes religions, elle varie considérablement. Alors qu’elle n’a en général aucune réalité propre dans le bouddhisme, le judaïsme la perçoit comme le souffle de vie qui anime les êtres, et la plupart des chrétiens et des musulmans sont d’avis qu’elle naît avec le corps et qu’elle lui survit dans l’attente d’un jugement dernier.
Les sciences pures n’ont que faire de l’âme, puisqu’elle ne peut être soumise à aucune observation ni mesure directe ou indirecte. Le vivant s’y limite à un amalgame d’éléments complexes en interaction sous l’effet d’impulsions bioélectriques.
Les neurosciences, aujourd’hui en vogue, s’efforcent de rester dans le giron de la science en cherchant à comprendre le phénomène de l’esprit à travers les seuls processus physiques qui ont cours dans le cerveau. La psychologie aborde pour sa part la notion d’âme sous l’angle de l’intériorité des pensées, des émotions et du ressenti. Et la psychanalyse la relègue au rang de métaphore.
Un phare dans le brouillard
Inutile de dire que toutes ces positions ne sont ici que très sommairement présentées. Il en ressort toutefois un large éventail de conceptions tantôt convergentes et tantôt divergentes, et pour le moins difficiles à départager. Il n’est donc pas étonnant que nous ayons du mal à saisir ce qu’il en est exactement de cette fameuse âme.
D’où l’utilité de cette série fondée sur les Védas, qui nous offrent une importante somme d’informations cohérentes, pertinentes et explicites à ce sujet, et auxquels nombre de grands sages réfèrent comme l’autorité ultime en la matière.
À suivre…