Vous vous demandez encore si Dieu existe? Cessez, de grâce, de vous torturer les méninges.
Les Védas n’abordent même pas la question. Il n’y est pas non plus question de Dieu dans le sens confessionnel où nous l’entendons généralement. On y part plutôt du principe fondamental et universel que toute énergie a une source, que tout effet a une cause et que tout ce qui existe a une origine. Et on y désigne globalement l’origine des origines, la cause première de toutes les causes et la source primordiale de toutes les énergies du nom d’Absolu.
Voilà un mot qui, en soi, définit bien le Grand Tout – ce qu’on aime aujourd’hui appeler l’Univers, la Lumière ou le Verbe –, c’est-à-dire la réalité transcendante qui dépasse notre entendement mais dont la présence se fait partout sentir sous une forme ou une autre.
Et comme les Védas ne sont jamais avares d’explications, ils nous amènent à mieux saisir cet Absolu en précisant qu’il peut être perçu sous trois aspects :
vadanti tat tattva-vidas tattvaṁ yaj jñānam advayam
(Shrimad-Bhagavatam, 1.2.11)
brahmeti paramātmeti bhagavān iti śabdyate
« Les doctes sages qui connaissent la Vérité absolue nomment cette essence indivisible Brahman, Paramatma ou Bhagavan. »
Brahman désigne l’aspect impersonnel de l’Absolu, son omniprésence diffuse et rayonnante à travers le monde qui nous entoure, telle la lumière du soleil qui tout pénètre. La perception de cet aspect impersonnel de l’Absolu se reflète souvent dans l’émerveillement que suscitent les beautés de la nature ou l’immensité de l’espace.
Paramatma désigne l’aspect localisé de l’Absolu, présent en chaque être et en toutes choses, jusque dans l’atome. Vous avez déjà entendu l’expression « Dieu est en chacun de nous »? Eh bien, c’est du Paramatma qu’il s’agit, de cette manifestation de l’Absolu qui assure l’équilibre des forces de l’univers et qui nous guide de l’intérieur – pour peu qu’on y porte attention. On y fait parfois référence comme « la petite voix qui nous parle », ou encore « la voix de la conscience ».
Quant à Bhagavan, il s’agit de l’aspect personnel de l’Absolu, incarnant l’éternité, la connaissance et la félicité par excellence, avec qui chaque être entretient une relation intime selon une variété de saveurs allant de l’aversion la plus profonde à l’amour le plus sublime. Bhagavan désigne l’Absolu comme l’expression vivante de toutes les perfections. Chaque être possède la beauté, la richesse, la force, la renommée, le savoir et le détachement dans une certaine mesure. Mais l’Absolu dans son aspect personnel se définit comme l’Être suprême, ou encore le Bienheureux, qui possède tous ces attributs dans la plus complète et la plus parfaite des mesures.
La trilogie divine désigne donc en fait un Absolu unique et indivisible, mais manifeste et perceptible sous trois aspects distincts, selon le degré de réalisation de ceux et celles qui cherchent à le saisir.