Dans la 1re partie, nous avons vu que Bouddha était un avatar de Vishnou venu redresser les torts d’une société décadente. Dans cette 2e et dernière partie, intéressons-nous de plus près à son enseignement et à l’aboutissement de sa démarche.
Bouddha appartient à la catégorie des shaktyavesha-avatars, c’est-à-dire des entités investies de pouvoir pour accomplir une mission particulière. Sa logique, son charisme, son exemple personnel et une stratégie révolutionnaire ont ainsi convaincu les masses de souscrire à son enseignement.
Première partie du plan : rejeter publiquement les Védas en feignant d’en nier l’autorité. Tactique audacieuse mais nécessaire vu l’urgence de la situation, puisque la population justifiait ses comportements aberrants en prétendant agir en conformité avec les Védas. Pour mettre fin à l’hypocrisie de tous ces gens prônant la fraternité, la paix, la justice et l’égalité universelles tout en tuant d’innocentes bêtes, et pour éradiquer leur mésinterprétation solidement ancrée des textes sacrés, il n’avait d’autre choix que de les détourner de leur prétexte.
Deuxième partie du plan : ne jamais parler de l’âme ni de l’Absolu. Lorsqu’on l’interrogeait sur l’un ou l’autre, il prétendait n’avoir aucune théorie à ce sujet, et demeurait silencieux. Il pouvait ainsi éviter d’aborder ces questions sans faire référence aux Védas, ce qui lui permettait de continuer à renier les Védas tout en leur restant fidèle.
Troisième partie du plan : remplacer les fausses conceptions rampantes qui minaient et dégradaient la société par un enseignement de base axé sur la discipline morale et la non-violence, soit les préliminaires essentiels à une démarche spirituelle ayant pour but la pleine réalisation de soi et de l’Absolu.
Affranchi de sa dépendance aux Védas et de la crainte d’une autorité supérieure, l’auditoire de Bouddha pouvait librement accueillir l’enseignement positif qu’il lui offrait en échange, lequel prit la forme des quatre nobles vérités et du noble sentier octuple.
Les quatre nobles vérités
• La vie est jalonnée de souffrances.
• La souffrance résulte des désirs et des attachements matériels.
• Tout étant temporaire en ce monde, il est possible de mettre fin à la souffrance.
• La libération de la souffrance passe par la voie du milieu.
La voie du milieu consiste à éviter les extrêmes que sont, d’une part, la recherche avide de plaisirs matériels, et de l’autre, l’ascétisme et la mortification. Qui veut suivre cette voie doit emprunter le noble sentier octuple.
Le noble sentier octuple
• La vision juste
(voir les choses sous l’angle des quatre nobles vérités)
• La pensée juste
(discernement, absence d’attachement et d’aversion, d’avidité et de haine)
• La parole juste
(ne pas tenir des propos trompeurs, grossiers, oiseux ou agressants)
• L’action juste
(ne pas commettre d’actes répréhensibles ou causant du tort à autrui)
• Le moyen de subsistance juste
(assurer sa subsistance de façon honnête et équitable)
• L’effort juste
(accepter ce qui est favorable et rejeter ce qui est défavorable)
• L’attention juste
(être conscient de soi, de son corps, de ses émotions, de ses pensées et des autres)
• La concentration juste
(par la méditation, le chant et l’abstraction du matériel)
La réforme juste
Ainsi Bouddha parvint-il à rétablir les valeurs et les principes de base de la pensée védique. Valeurs et principes foncièrement humains essentiels à la compréhension du fondement spirituel de la vie. Et ce, sans jamais citer les Védas ni faire référence à l’âme ou à un quelconque Absolu!
Par son habile ruse, des populations entières ayant rejeté toute notion de Force supérieure lui vouèrent en outre une foi et une dévotion indéfectibles, alors qu’il était lui-même une incarnation divine, un avatar de Vishnou!
Sacré coup de maître!
La mission secrète de Bouddha n’était donc pas de fonder une religion, mais de mettre fin à l’ignoble violence faite aux animaux et de rouvrir la voie à une vie respectueuse des principes moraux et des valeurs humaines les plus élémentaires.
Comme son plan de match lui interdisait de parler de l’âme et d’un Être suprême quel qu’il soit, ses disciples ont par la suite interprété son silence comme signifiant que ni l’un ni l’autre n’existait, et ont ainsi élaboré la doctrine du nihilisme, que jamais Bouddha lui-même n’avait formulée. La notion de compassion est toutefois demeurée centrale au credo des fidèles, si ce n’est que la plupart des Bouddhistes sont aujourd’hui redevenus carnivores! Bouddha va-t-il devoir revenir mettre les pendules à l’heure?