… qu’on est ce qu’on est. «C’est ce qu’on fait qui fait qu’on est ce qu’on est», disait l’humoriste André Sauvé dans un spectacle privé donné sur plateforme vidéo durant la pandémie de COVID-19. Autrement dit, nos actions parlent d’elles-mêmes et témoignent on ne peut mieux de nos valeurs et de nos convictions profondes.
Façon originale et bien à lui – l’humoriste – de nous amener, par ce simple constat, à réfléchir sur la mesure dans laquelle nos actes reflètent notre discours et nos intentions. Exercice utile, s’il en est, compte tenu des vœux pieux qui restent lettres mortes et des prises de résolutions sans lendemain sous couvert d’excuses et d’échappatoires.
J’y vois quant à moi un rappel du besoin impératif de donner suite à mon désir de me réaliser pleinement, de passer de la pensée et de la parole aux actes. Ai-je vraiment à cœur de me donner les moyens de mes ambitions non seulement matérielles, mais aussi – et surtout – spirituelles? Est-ce que je me berce de vagues connaissances théoriques et de formules toutes faites pour me donner bonne conscience, ou est-ce que je poursuis activement le développement de la pleine conscience de mon identité réelle et de mon rapport au Divin?
Est-ce que je me laisse emporter par le flot du quotidien en prétextant du manque de temps pour sans cesse remettre à plus tard l’essentielle quête de vérité, d’amour et de bonheur véritable au fondement même de mon existence? Est-ce que je troque ces trésors inestimables contre de pâles satisfactions fugaces et lacunaires, ou est-ce que je mets vraiment en œuvre les moyens nécessaires pour parfaire ma quête d’absolu?
Être et devenir
Pourquoi se poser autant de questions? Parce que c’est ce qu’on fait qui fait non seulement qu’on est ce qu’on est, mais aussi qu’on devient ce qu’on devient. Parce qu’on ne vit pas seulement qu’une fois, n’en déplaise à tous ceux et celles qui affirment sans cesse le contraire comme si nos errements étaient sans conséquence!
Les Védas expliquent en long et en large que les choix que je fais au quotidien, à chaque instant de ma vie, façonnent non seulement mon sort au fil des heures, des jours, des mois et des années, mais aussi ma destinée au terme de cette vie, soit les conditions dans lesquelles je renaîtrai pour récolter les fruits des semences que j’aurai plantées.
«Ce sont les pensées, les souvenirs de l’être à l’instant de quitter le corps qui déterminent sa condition future.»
Bhagavad-gita 8.6
À quoi vais-je penser à l’heure de quitter mon enveloppe charnelle? Vais-je m’accrocher à la vie que je quitte, ou m’ouvrir à celle qui m’attend? N’aurai-je souvenir que de mes proches, de mes biens et de mes projets inachevés, ou saurai-je me rappeler mon lien avec la source de tout ce qui est?
On voit parfois des personnes à l’article de la mort s’accrocher désespérément à la vie devant la tristesse et le désarroi des êtres aimés à leur chevet. Il arrive alors qu’un médecin ou une infirmière dise aux parents et amis: «Ne la retenez pas davantage. Dites-lui qu’elle peut partir en paix.» Mais encore faut-il que la personne puisse partir en paix. Car, on ne peut vraiment partir en paix que lorsqu’on a fait ce qu’on avait à faire en toute conscience, sans aucun regret.
Pour une personne consciente de son identité spirituelle et de sa relation avec le Divin, cette paix vient d’avoir activement et assidûment cultivé la connaissance et l’amour du Divin. De s’être employée à le servir dans le respect de sa suprême et bienveillante volonté, comme l’expliquent également en détail les Puranas et les Upanishads, et comme l’enseignent les maîtres du savoir depuis l’aube des temps.
À moi, donc, d’agir de telle sorte que ce que je fais m’amène à être et à devenir ce que je veux intimement être et devenir. Que le temps qui me reste sur Terre soit activement consacré à l’apprentissage de la vie spirituelle qui est mienne hors du temps et de l’espace, mais aussi dans ma présente incarnation, pour peu que j’en aie conscience…
Comme quoi l’humour peut aussi faire réfléchir…